Le fantastique est un mouvement tout d'abord littéraire, dont nous connaissons tous un des plus grands précurseurs, J. R. R. Tolkien. Si l'auteur du roman fantastique ne compte absolument pas parler de l'ère de son temps, il lui est impossible, tout comme l'artiste, de ne pas s'en inspirer, ce qui fait de son oeuvre une retranscription inévitable du monde réel, sublimé par son propre inconscient. Sans m'étaler là-dessus, Tolkien réinterprète, dans un premier temps les mythologies grecques et scandinaves dont il est professeur à l'université, et, dans un second temps, adapte ces mythologies à une vision sublimée de son époque, qui se trouve l'avant-guerre et la seconde Guerre Mondiale. Bref.
Ce processus est perçu comme une fuite de la réalité, qui pousse vers un individualisme qui empêche de travailler aux enjeux du monde réel. C'est de cette manière que l'on s'apitoie sur le sort de personnages imaginaires, en oubliant les horreurs du mondes moderne, qui, malheureusement, sévissent encore bien plus que ce qu'on imagine. Si l'on pourrait croire que l'oeuvre de Caitlin Hackett est une fuite pure de la réalité, doublée d'un travail commercial et capitaliste, sous le malheureux prétexte qu'elle ne travaille pas dans l'art conceptuel, son travail est loin d'être dénué de sens.
Dessinatrice, elle nous propose un travail onirique, symbolique et mythologique. Ses dessins sont donc, comme je l'expliquais, sa propre vision digérée du monde réel, émergeant sous la forme d'un monde fantastique, exprimant des enjeux réels réinterprétés, et plus frappant de sens aux yeux de n'importe quel individu.
expliquant à la fois son amour pour les animaux, la science, la biologie et la mythologie, mais aussi son inquiétude vis-à-vis des espèces en voie de disparition.
Son travail me plaît énormément, pourquoi? Non pas juste parce que "c'est joli", mais parce qu'elle est la preuve, pour moi, de diverses réalités. D'une part, il me semble, et ça, elle seule pourrait nous le confirmer, que son travail du dessin résulte plus ou moins du même processus que moi (en beaucoup mieux, je le conçois...), c'est à dire d'un processus méditatif. Elle semble effectuer un véritable voyage dans son propre inconscient, elle plonge dans ses dessins, et trace au fur et à mesure de ses idées, multipliant telle ou telle forme à l'infini, enchaînant sur une autre alors même qu'elle apparaît dans son imaginaire, et offre, en définitive, une carte tracée de ses rêves les plus profonds. Elle fuit la réalité, certes, elle s'isole et n'est plus avec nous lorsque son crayon touche le papier, mais, contrairement à moi, elle donne à son inconscient une place de choix, sur de grands formats, visant haut et diffusant son imaginaire au plus grand nombre. En en faisant, au passage, j'en suis sûre, une source de revenu non négligeable. Par conséquent, et c'est là que ça se complique, sa fuite de la réalité l'ancre dans le présent! Oui...je sais, c'est bizarre.
Mais, comment fait-elle? Je vais vous donner la réponse, en réalité, c'est à la fois très simple et très compliqué : elle a tout simplement choisi sa voie et s'y consacre entièrement... Son talent de dessinatrice ne fait, certes, aucun doute, mais on ne peut pas nier, non plus, son talent de concentration. Je ne sais pas si elle a eu d'autres passions dans sa vie, si elle a une autre activité (des mots croisés peut-être), mais je pense franchement qu'elle ne fait pas également de la couture, de la photo, de la danse, et de l'écriture. Or, pour aboutir un travail et se proclamer expert, il faut choisir, et être en mesure d'abandonner les autres activités, ou bien décider délibérément qu'elles ne resteront que des loisirs et rien de plus... Pour en revenir à mon propre travail, je suis trop éparpillée, et espère un jour être professionnelle dans tous les domaines qui me plaisent (je ne vais pas vous refaire la liste, on a compris), ce qui, merci Caitlin pour cette belle leçon, désormais j'en suis consciente, n'arrivera jamais tant que je n'aurais pas choisi.
The End
http://caitlinhackett.carbonmade.com/
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