samedi 20 septembre 2014

"CENDRES", série photographique de paysage post-apocalyptique, Montpellier et Lyon

Mais j'avais totalement oublié de vous présenter un travail dont je suis relativement fière, une série photographique, réalisée dans le cadre d'un séminaire sur les représentations de la ville, exercice d'art plastique dans le cadre de ma première année de Master. Comme mon mémoire traitait de science-fiction dystopique, je me suis efforcée d'adapter tous mes projets de l'année à cette thématique, dans la mesure du possible.

v Cette première photo a été faite à Montpellier, au Corum.

Donc, sur le sujet des représentations de la ville, j'ai tenu à m'attaquer au projet de trouver, avec un minimum de retouches, des points de vue futuriste, qui, avec un certain cadrage et un certain angle de vue, pourrait faire croire à un paysage post-apocalyptique. J'ai vadrouillé plusieurs jours, à pied ou en voiture, dans les rues de Montpellier et de Lyon, et réalisé plus de 1000 clichés en tout. En définitive, de toute ces prises de vue, seule une petite dizaine s'est avérée de qualité. Je ne suis pas photographe professionnelle, je n'ai jamais fait d'études en ce sens, mais il me semble que, pour être sûr d'avoir un certain nombre d'images réussies, il faut bien en faire 10 fois plus. 

^ Ci-dessus, un petit village à l'Est de Lyon.

Je n'ai pas hésité à mitrailler le plus possible, parfois (tout le temps, en fait) le même sujet une dizaine de fois, avec, ne serait-ce qu'une légère différence de cadrage, ou pas du tout, pour être sûre d'avoir ensuite le choix entre une multitude d'images différentes. Je dois dire que ce fut tout à fait réussi, car celles qui sont ressorties du lot me semblent me semblent vraiment bonnes.

<La gendarmerie abandonnée de Lyon.

Dans un premier temps, mon réflexe a été de chercher systématiquement des endroits délabrés, en ruines, taggés, etc. Il s'est avéré que c'était loin d'être la solution la plus efficace. A force de tester différentes techniques, j'ai trouvé des éléments "qui font la farce", c'est à dire, des choses qui ne sont pas post-apocalyptiques en soit, mais qui donnent un ton, qui rappellent cette ambiance quand on les prend dans le bon sens. En dessin, ce qui fait "la farce" dans un paysage post-apocalyptique, ce sont les poteaux électriques, n'importe où au milieu des ruines : ça ne sert à rien, ça n'a pas de sens, ça n'est pas indispensable, mais ça fonctionne! En photographie, je citerais, comme premier exemple, tout ce qui est cheminée, gouttière, bouche d'aération, en gros, tout ce qui est cylindrique, qui monte vers le ciel, et photographié en contre-plongée. Comme aussi, ces escalators couverts à la gare Perrache, à Lyon. Toujours avec la contre-plongée, le coin des bâtiments : déjà, d'une part, pour faire une photo qui a de la gueule d'un bâtiment, d'une maison, il faut trouver le moyen de le photographier du coin, de façon à donner deux points de fuite au paysage, et c'est dans la poche! Ensuite, pour faire post-apocalyptique, ou futuriste, ou science-fiction, on prend en forte contre-plongée.
En conclusion, une banale photo d'un bâtiment en ruine est moins efficace qu'une bonne prise de vue d'un bâtiment banal... Vous me suivez?
Puis, inévitablement, donner au ciel une couleur surnaturelle, dont on sent qu'il y a, dans l'atmosphère, quelque chose de nocif, donne tout de suite une dimension fictive au paysage, et il n'en faut généralement pas plus pour stimuler l'imaginaire du spectateur. Quelquefois, la forme d'un tag, ou l'agencement d'un endroit, permettait de rajouter un élément de plus, grâce au hasard, comme une croix dessinée sur un sillot à grain.
A droite, un bâtiment abandonné de Montpellier>

Un sillot à grain à l'est de Lyon v

Le toit du Corum, Montpellier ^ v

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La gare Perrache, Lyon v


Les entrepôts d'Emmaüs, Montpellier v


La gendarmerie de Lyon ^

Quartier en construction de Confluence, Lyon ^


Gare Perrache, Lyon ^


à l'Est de Lyon ^

Voilà! Si ça vous a plu, n'hésitez pas à laisser un commentaire! <3

samedi 13 septembre 2014

Daniel Merriam, le monde résumé du rêveur

Daniel Merriam est un aquarelliste américain, né dans le Maine au sein d'une famille apparemment relativement aisée (à moins que je ne me trompe) et très portée sur la créativité sous toutes ses coutures. Enfant, accompagné de ses frères et sœurs, il aura ainsi l'occasion de se livrer à la peinture et à la sculpture à loisir, progressant ainsi dés son plus jeune âge et très rapidement. Son monde imaginaire est fascinant, peuplé de personnages caricaturés, fantastiques, d'ornements et d'éléments architecturaux victoriens.



Son style se définit par une série d'éléments récurrents, avec lesquels il créé inlassablement de nouvelles compositions,  scènes fantastiques et portraits poétiques. Par exemple, nous noterons ses célèbres volutes, spirales, et bulles, habillement travaillés avec cette touche à l'aquarelle qui lui est si caractéristique, qu'il assemble dans des ornements retrouvés partout dans ses toiles. On retrouve aussi régulièrement de la représentation humaine comme élément architectural en soit : gargouille, portrait en bas relief sur une clé de voûte.

Tout comme les dessins de Caitlin Hackett, les images de Daniel Merriam représentent des mondes qui n'ont aucune consistance réelle, aucune densité concrète, qui sont totalement imaginaires, métaphysiques, ce qui se traduit le plus souvent par une très faible perspective, voire inexistante. Le monde de Daniel Merriam est plat et représenté de manière disproportionnée, comme une photographie ou une scène de film extérieur dont la mise en scène a été réalisée en studio, ce qui n'est pas sans rappeler l'art byzantin, avant la découverte de la perspective par Léon Battista Alberti en 1435. Les icônes étaient alors représentées avec ce que l'on appelle une perspective signifiante : les choses sont posées à plat sans aucune profondeur.
Ces images semblent être l'expression la plus spontanée de l'inconscient humain, les éléments de décor, les personnages et leurs attributs étant composés de manière disproportionnée, caricaturée, et ajoutés les un à côté des autres à qui mieux mieux, comme un esprit endormi résumerait le monde dans ses rêves. Car c'est bien de cela qu'il s'agit, le monde de  Daniel Merriam est un rêve, d'où de nombreuses similitudes avec l'univers de Lewis Carroll, auteur de Alice aux pays des merveilles, où le monde est résumé, élargi ou rapetissé à outrance, caricaturé, sans aucune limite raisonnable. 
Il nous fait penser à nos plus beaux rêves mais également à nos pires cauchemars.